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La crise de la dette en Amérique latine dans les années 1980

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Le FMI et les Etats-Unis, désignés responsables par les populations d’Amérique latine des désagréments sociaux
Le FMI et les Etats-Unis, désignés responsables par les populations d’Amérique latine des désagréments sociaux

Dans les années 1960 et 1970, l’Amérique latine connaît un développement important, fondé sur les investissements étrangers (majoritairement en provenance des banques occidentales, où les pays arabes producteurs de pétrole plaçaient leur argent) qui permettent un décollage industriel important, au Mexique par exemple. C’est également le cas du Brésil, dont les taux de croissance ont justifié l’expression de « miracle brésilien » au tournant des années 1970.

Cependant, à la fin des années 1970, alors que la crise économique pousse les pays occidentaux à réduire leurs importations, notamment de produits de base tels que le cacao qu’ils achetaient aux pays du Sud, on assiste à un retour en force du libéralisme, en particulier aux Etats-Unis. Ainsi, lorsqu’aux Etats-Unis Ronald Reagan arrive au pouvoir, celui-ci reconduit à son poste Paul Volcker, alors président de la banque centrale américaine (FED). Les taux directeurs américains dépassent à cette époque les 20% pour combattre l’inflation. Ceci entraîne une raréfaction du crédit pour les pays du Sud et une hausse de la valeur du dollar. En conséquence, le crédit devient d’une part plus cher pour les pays d’Amérique latine, mais aussi plus difficile à rembourser, si bien que les intérêts non-payés se sont ajoutés à la dette qui existait déjà, rendant la situation insupportable pour nombre de pays.

En 1982, le Mexique annonce ainsi qu’il est en incapacité de rembourser ses dettes. Dès lors, la dette apparaît clairement aux yeux du monde. Par conséquent, l’instabilité économique menaçait également nombre d’économies occidentales, créditrices auprès de l’Amérique latine. Avec l’aide du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque mondiale (BIRD), les gouvernements occidentaux ont donc dû prendre ce problème à bras le corps. Deux organismes ont notamment contribué à rééchelonner les dettes non-remboursables : le Club de Paris pour les créanciers publics, le Club de Londres pour les créanciers privés. En octobre 1985, le plan Baker est mis en place mais ses effets seront peu visibles, d’autant qu’il ne s’attaque pas aux sources du problème. Finalement, c’est le plan Brady qui, en 1989, permet de mettre fin à la crise par l’émission d’obligations et des réductions partielles de dettes. En échange d’un réaménagement de leur dette, les pays d’Amérique latine s’engagent ainsi à ouvrir leur économie par des réformes libérales : les Plans d’Ajustement Structurels (PAS).

Ces PAS, mis en place par le FMI ou la BIRD, ont pour but d’ouvrir les économies des pays endettés, d’engager un processus de libéralisation, par exemple par des privatisations, et de mener une politique d’austérité, souvent accompagnée d’une dévaluation de la monnaie. Ces plans s’inspirent de ce que John Williamson a appelé, en 1989, le Consensus de Washington, qui préconise des réformes fiscales, des restrictions budgétaires et une libéralisation des économies. Mais ceux-ci ont aussi été décriés car ils ont entrainé une réduction des dépenses publiques notamment pour l’éducation et la santé. Ceci a été à l’origine d’un recul important des politiques sociales et d’une paupérisation des populations, à l’origine de l’élection de nombreux gouvernements de gauche à partir de la fin des années 1990.

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